Le bilinguisme français-anglais au Canada : tendances récentes après cinq décennies de bilinguisme officiel

Date de diffusion : le 21 juin 2023

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Faits saillants

  • Près de 1 personne sur 5 (18,0 %) pouvait soutenir une conversation en français et en anglais au Canada en 2021, ce qui représente près de 6,6 millions de personnes. Bien qu’elle n’ait jamais été aussi élevée dans le cadre d’un recensement, cette proportion est pratiquement inchangée par rapport à 2001 (17,7 %).
  • De 2001 à 2021, le taux de bilinguisme français-anglais a augmenté au Québec, passant de 40,8 % à 46,4 %. Au Canada hors Québec dans son ensemble, le taux a diminué, passant de 10,3 % à 9,5 % au cours de la même période. Cependant, le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles (français-anglais) était en croissance à Terre-Neuve-et-Labrador, à l’Île-du-Prince-Édouard, au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest.
  • Au Québec, la hausse du taux de bilinguisme dans les deux langues officielles est attribuable à deux principaux facteurs. Elle s’explique d’une part par la croissance du taux de bilinguisme français-anglais de la population de langue maternelle française — qui est passé de 36,6 % en 2001 à 42,2 % en 2021 — et, d’autre part, par l’augmentation du poids démographique de la population de langue maternelle tierce (langue autre que le français ou l’anglais) — un peu plus de la moitié de cette population (50,8 % en 2021) pouvant soutenir une conversation dans les deux langues officielles du Canada.
  • La baisse du taux de bilinguisme français-anglais observée depuis 2001 au Canada hors Québec s’explique également par deux principales tendances. L’une de ces tendances est la diminution du poids démographique de la population de langue maternelle française, dont une proportion élevée maîtrise les deux langues officielles suffisamment bien pour soutenir une conversation (85,3 % en 2021). L’autre tendance est le recul du taux de bilinguisme français-anglais de la population de langue maternelle tierce, qui est passé de 5,7 % en 2001 à 4,7 % en 2021.
  • Au Canada hors Québec, environ 3 personnes sur 5 (60,8 %) ayant fréquenté une école de langue française ou ayant participé à un programme d’immersion française pouvaient soutenir une conversation dans les deux langues officielles, comparativement à 3,5 % de celles n’ayant pas fréquenté de telles écoles ou participé à de tels programmes.

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Introduction

La Loi sur les langues officielles adoptée en 1969 consacre le français et l’anglais comme langues officielles du Canada. Ce bilinguisme officiel a une portée à la fois symbolique et bien concrète. D’une part, il est le reflet de l’importance qu’occupent le français et l’anglais dans l’histoire et l’identité canadiennes, de même que dans la vie quotidienne au sein des collectivités dans l’ensemble du pays. D’autre part, le bilinguisme officiel de l’État fédéral garantit aux personnes résidant au Canada que les services fournis par l’État seront offerts en français et en anglais, là où la demande le justifie. Pour ces raisons, la progression du bilinguisme français-anglais revêt un intérêt tout particulier au pays : elle favorise la compréhension mutuelle et les échanges entre les communautés d’expression française et celles d’expression anglaise, et permet d’assurer le respect du droit des personnes résidant au Canada d’accéder aux services fédéraux dans l’une ou l’autre des langues officielles.

D’un recensement à l’autre, le nombre de personnes qui peuvent soutenir une conversation en français et en anglais poursuit sa croissance au Canada, s’établissant à près de 6,6 millions de personnes en 2021. Du début des années 1960 jusqu’au tournant du millénaire, le taux de bilinguisme français-anglais a augmenté de façon marquée au pays, passant de 12,2 % en 1961 à 17,7 % en 2001. Depuis, la proportion de la population canadienne qui est bilingue (français-anglais) a peu varié, le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles passant à 18,0 % en 2021. Il s’agit néanmoins du plus haut niveau jamais enregistré dans le cadre d’un recensement.

La stagnation récente du taux de bilinguisme dans les deux langues officielles est le résultat de deux tendances allant en sens opposés, la croissance du taux de bilinguisme français-anglais au Québec compensant la diminution observée à l’extérieur de cette province.

Aujourd’hui, Statistique Canada diffuse une analyse de l’évolution du bilinguisme français-anglais au pays, de même qu’un examen de la façon dont les variations du poids démographique et du taux de bilinguisme dans les deux langues officielles des populations de langue maternelle française, anglaise et tierce ont contribué à cette évolution. Enfin, le présent rapport offre un aperçu du lien entre la scolarisation dans la langue officielle minoritaire et le bilinguisme français-anglais.

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Une question de conversation

Le bilinguisme français-anglais, ou le bilinguisme dans les deux langues officielles, désigne la capacité de soutenir une conversation en français et en anglais, les deux langues officielles du Canada. Dans le cadre du recensement, à la question sur la connaissance des langues officielles, les personnes déclarent leur capacité de soutenir une conversation en français, en anglais, dans ces deux langues ou dans ni l’une ni l’autre de ces langues.

C’est dans le Recensement de la population de 1901 que l’on retrouve les toutes premières questions portant sur la capacité de parler le français et l’anglais. À l’époque, 14,7 % de la population canadienne avait une connaissance du français et de l’anglais.

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Le taux de bilinguisme français-anglais augmente au Québec et diminue au Canada hors Québec

Au Canada, de même que dans chacune des provinces et chacun des territoires, à l’exception de l’Alberta et du Nunavut, on a enregistré un nombre record de personnes bilingues (français-anglais) en 2021.

Cependant, depuis le Recensement de 2001, la croissance de la population qui maîtrise le français et l’anglais suffisamment bien pour soutenir une conversation est inférieure ou comparable à celle du reste de la population dans plusieurs provinces et territoires, ce qui fait en sorte que le taux de bilinguisme français-anglais dans ces provinces et territoires diminue ou stagne. Par exemple, au Nouveau-Brunswick, seule province officiellement bilingue, le taux de bilinguisme français-anglais stagneNote 1 : il était de 34,2 % en 2001 et de 34,0 % en 2021. En revanche, le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles était plus élevé en 2021 que 20 ans auparavant à Terre-Neuve-et-Labrador, à l’Île-du-Prince-Édouard, au Québec, au Yukon ainsi que dans les Territoires du Nord-Ouest.

Au Canada hors Québec dans son ensemble, le taux de bilinguisme français-anglais a suivi une tendance à la hausse à partir de 1961 jusqu’au tournant du millénaire; il était de 6,9 % cette année-là et a atteint un sommet de 10,3 % en 2001. Depuis, à l’exception d’un léger rebond de 2011 à 2016, ce taux a diminué d’un cycle à l’autre, passant à 9,5 % en 2021.

Au Québec, hormis une légère baisse de 2001 à 2006, le taux de bilinguisme français-anglais augmente d’un recensement à l’autre depuis le début des années 1960, passant de 25,5 % en 1961 à 40,8 % en 2001, avant d’atteindre 46,4 % en 2021. Ainsi, en 2021, près de 1 personne sur 2 au Québec pouvait soutenir une conversation dans les deux langues officielles du Canada.

carte 1 :

Tableau de données de la carte 1
Carte 1
Le taux de bilinguisme français-anglais a diminué ou stagné dans 8 des 13 provinces et territoires du pays de 2001 à 2021
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Le taux de bilinguisme français-anglais a diminué ou stagné dans 8 des 13 provinces et territoires du pays de 2001 à 2021 Taux de bilinguisme officiel(figurant comme en-tête de colonne).
Taux de bilinguisme dans les deux langues officielles
2001 2021 Variation de 2001 à 2021
Canada 17,7 18,0 Stagnation
Canada hors Québec 10,3 9,5 Diminution
Terre-Neuve-et-Labrador 4,1 5,1 Augmentation
Île-du-Prince-Édouard 12,0 12,7 Augmentation
Nouvelle-Écosse 10,1 10,3 Stagnation
Nouveau-Brunswick 34,2 34,0 Stagnation
Québec 40,8 46,4 Augmentation
Ontario 11,7 10,8 Diminution
Manitoba 9,3 8,3 Diminution
Saskatchewan 5,1 4,7 Stagnation
Alberta 6,9 6,1 Diminution
Colombie-Britannique 7,0 6,6 Stagnation
Yukon 10,2 14,2 Augmentation
Territoires du Nord-Ouest 8,4 10,6 Augmentation
Nunavut 3,8 3,8 Stagnation

La progression du bilinguisme français-anglais au Québec et le recul observé au Canada hors Québec depuis le tournant du millénaire se sont reflétés dans la répartition géographique de la population canadienne pouvant soutenir une conversation dans les deux langues officielles. Au pays, la proportion de personnes bilingues (français-anglais) qui résidaient au Québec était en hausse de 2001 à 2021, passant de 55,6 % à 59,2 %. Il s’agit d’un niveau s’approchant de celui observé en 1961 (60,0 %).

Par ailleurs, le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles était plus élevé dans les régions du pays où les communautés de langue française et de langue anglaise sont régulièrement en contact, qu’elles se trouvent sur un même territoire ou sur des territoires adjacents. Ces régions figurent parmi celles ayant les taux de bilinguisme français-anglais les plus élevés au pays. Ainsi, en 2021, les régions métropolitaines de recensement (RMR) du pays où le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles était le plus élevé étaient GatineauNote 2 (64,6 %), Montréal (56,4 %), Sherbrooke (46,0 %) et Moncton (45,9 %).

Tableau 1
En 2021, plus de 1 personne sur 5 était bilingue français-anglais dans 11 régions métropolitaines de recensement du Canada, dont sept étaient situées au Québec
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau 1
En 2021. Les données sont présentées selon Régions métropolitaines de recensement (RMR) (titres de rangée) et Taux de bilinguisme français-anglais, 2001, 2021 et Variation de 2001 à 2021, calculées selon pourcentage et points de pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Régions métropolitaines de recensement (RMR) Taux de bilinguisme français-anglais
2001 2021 Variation de 2001 à 2021
pourcentage points de pourcentage
Québec (province) 40,8 46,4 5,6
Gatineau 64,0 64,6 0,6
Montréal 52,4 56,4 4,0
Sherbrooke 41,1 46,0 4,9
Québec (RMR) 32,6 41,5 8,9
Trois-Rivières 26,0 32,4 6,4
Drummondville 23,7 30,0 6,3
Saguenay 18,4 23,7 5,3
Hors RMR 24,6 30,4 5,8
Canada hors Québec 10,3 9,5 -0,8
Moncton 47,0 45,9 -1,1
Grand Sudbury 40,4 36,7 -3,7
Ottawa 36,2 36,4 0,2
Fredericton 20,6 22,5 1,9
Autres RMR 8,1 7,3 -0,8
Hors RMR 10,4 9,5 -0,9

De 2001 à 2021, le taux de bilinguisme français-anglais était à la hausse dans l’ensemble des grands centres urbains du Québec. Alors que le taux de bilinguisme français-anglais a augmenté de 5,6 points de pourcentage dans cette province au cours de la période, la hausse observée était encore plus prononcée dans les RMR de Québec (+8,9 points de pourcentage), de Trois-Rivières (+6,4 points de pourcentage) et de Drummondville (+6,3 points de pourcentage), ainsi que dans les régions du Québec situées hors des RMR (+5,8 points de pourcentage). En revanche, l’augmentation du taux de bilinguisme dans les deux langues officielles était moindre dans les RMR de Gatineau (+0,6 point de pourcentage) et de Montréal (+4,0 points de pourcentage), où les taux de bilinguisme français-anglais étaient déjà en 2001 les plus élevés au pays.

Au Canada hors Québec, le taux de bilinguisme français-anglais a reculé de 0,8 point de pourcentage de 2001 à 2021. Il en allait de même du taux de bilinguisme dans les deux langues officielles dans le Grand Sudbury (-3,7 points de pourcentage) et à Moncton (-1,1 point de pourcentage), alors qu’à OttawaNote 3 , le taux stagnait (+0,2 point de pourcentage). Par ailleurs, le taux de bilinguisme français-anglais était à la hausse au cours de cette période dans la capitale néo-brunswickoise, Fredericton (+1,9 point de pourcentage).

Enfin, le taux de bilinguisme français-anglais était encore plus élevé dans certaines municipalitésNote 4 situées dans des régions du pays où résident d’importantes proportions de personnes de langue officielle en situation minoritaire. Par exemple, en 2021, plus de 4 personnes sur 5 étaient bilingues (français-anglais) à Fort-Coulonge (82,0 %), dans la région de l’Outaouais au Québec, ainsi qu’à Bouctouche (81,2 %), dans le sud-est du Nouveau-Brunswick.

Au Québec, l’immigration et l’apprentissage de l’anglais par les locuteurs du français poussent le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles à la hausse

Dans l’ensemble du pays, la prévalence du bilinguisme français-anglais varie selon la première langue qui a été apprise dans l’enfance, c’est-à-dire la langue maternelleNote 5 .

En 2021, le taux de bilinguisme français-anglais a atteint 46,4 % au Québec. Dans cette province, le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles des personnes de langue maternelle anglaise est plus élevé que celui de la population dans son ensemble depuis plusieurs décennies; en 2021, il était de 67,1 %. En raison de sa situation minoritaire, cette population est davantage susceptible de côtoyer l’autre communauté de langue officielle et d’en apprendre la langue.

De même, le taux de bilinguisme français-anglais était supérieur à la moyenne parmi les personnes de langue maternelle tierce au Québec; un peu plus de la moitié de celles-ci pouvaient soutenir une conversation dans les deux langues officielles du Canada en 2021 (50,8 %). Parmi les personnes de langue maternelle tierce, dont plus des trois quarts (76,4 %) sont des immigrants ou des résidents non permanents, le français et l’anglais sont, au minimum, la deuxième ou la troisième langue apprise.

Enfin, le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles en 2021 était plus bas que la moyenne au Québec chez les personnes ayant le français comme langue maternelle. Toutefois, c’est parmi celles-ci que le taux de bilinguisme français-anglais a le plus augmenté de 2001 à 2021, passant de 36,6 % à 42,2 %, ce qui représente une hausse de 5,6 points de pourcentage. La variation était moindre chez les personnes de langue maternelle anglaise (+1,0 point de pourcentage) ou tierce (+0,4 point de pourcentage).

De 2001 à 2021, la croissance du taux de bilinguisme dans les deux langues officielles de la population de langue maternelle française au Québec s’observait autant chez les plus jeunes qu’au sein du principal groupe d’âge actif sur le marché du travail. Au cours de la période, ce taux a augmenté de plus de 12 points de pourcentage pour chaque tranche d’âge quinquennale de 10 à 44 ans. En outre, le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles de la population de langue maternelle française était en hausse dans l’ensemble des régionsNote 6 et des grands centres urbains de la province.

Le poids démographique de la population de langue maternelle française a diminué au Québec de 2001 à 2021, passant de 80,9 % à 74,8 %. En comparaison, le poids démographique de la population de langue maternelle anglaise était plus stable, passant de 7,8 % à 7,6 %, alors que celui de la population de langue maternelle tierce était à la hausse, passant de 10,0 % à 14,0 %, sous l’effet de l’immigration. L’effet combiné des changements de poids démographiques et de prévalence du bilinguisme selon la première langue apprise permet d’expliquer l’augmentation du taux de bilinguisme français-anglais au Québec de 2001 à 2021.

graphique 1 :

Tableau de données du graphique 1
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1 Personnes bilingues français-anglais, selon la langue maternelle, 2001 et 2021, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Personnes bilingues français-anglais, selon la langue maternelle
2001 2021
pourcentage
Français 29,6 31,6
Anglais 5,2 5,1
Langue tierce 5,0 7,1
Français et anglais 0,7 1,4
Autres combinaisons de langues 0,4 1,2
Total 40,8 46,4

Au Québec, la proportion de personnes qui pouvaient soutenir une conversation dans les deux langues officielles du Canada a augmenté de 5,6 points de pourcentage de 2001 à 2021. Une part importante de cette variation s’explique par la hausse de la proportion représentée par la population bilingue français-anglais de langue maternelle française (+2,0 points de pourcentage) et de celle de langue maternelle tierce (+2,1 points de pourcentage). D’une part, l’augmentation du taux de bilinguisme dans les deux langues officielles de la population de langue maternelle française a plus que compensé la diminution du poids démographique de cette dernière. D’autre part, bien que le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles de la population de langue maternelle tierce ait peu varié de 2001 à 2021, le poids démographique de cette population était à la hausse, soutenu par l’immigration.

L’augmentation du taux de bilinguisme français-anglais de 2001 à 2021 au Québec s’explique également par la croissance de la population bilingue ayant plus d’une langue maternelle, c’est-à-dire les personnes ayant appris en même temps dans l’enfance le français et l’anglais (+0,7 point de pourcentage) ou une autre combinaison de langues (+0,8 point de pourcentage). Pour en apprendre davantage sur les personnes ayant plus d’une langue maternelle, veuillez consulter l’encadré « Bilingues dès l’enfance ».

Le Canada hors Québec compte proportionnellement moins de locuteurs du français et davantage de locuteurs d’une langue tierce nés en Asie, ce qui contribue au repli du taux de bilinguisme dans les deux langues officielles

À l’instar de la situation au Québec, une proportion importante de la population du Canada hors Québec dont la première langue apprise est la langue officielle en situation minoritaire — dans ce cas-ci, le français — pouvait soutenir une conversation dans les deux langues officielles en 2021 (85,3 %). En comparaison, les taux de bilinguisme français-anglais des personnes de langue maternelle anglaise ou tierce étaient plus faibles; environ 1 locuteur de l’anglais sur 14 (7,1 %) et moins de 1 locuteur d’une langue tierce sur 20 (4,7 %) maîtrisait les deux langues officielles assez bien pour soutenir une conversation.

Au Canada hors Québec, le taux de bilinguisme français-anglais de la population de langue maternelle tierce a diminué de un point de pourcentage de 2001 à 2021, passant de 5,7 % à 4,7 %. Le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles était comparativement plus stable parmi les locuteurs du français (+0,2 point de pourcentage) ou de l’anglais (aucune variation).

La stabilité du taux de bilinguisme français-anglais de la population de langue maternelle anglaise au cours de la période est le résultat de tendances allant en directions opposées parmi certains groupes d’âge. D’une part, le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles des jeunes locuteurs de l’anglais âgés de 5 à 14 ans était à la hausse de 2001 à 2021, passant de 8,8 % à 11,2 %, soutenu entre autres par la participation croissante de ceux-ci à des programmes d’immersion française. D’autre part, le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles des locuteurs de l’anglais âgés de 20 à 29 ans était à la baisse au cours de la même période, passant de 12,0 % en 2001 à 9,0 % en 2021.

En outre, la diminution de un point de pourcentage du taux de bilinguisme dans les deux langues officielles de la population de langue maternelle tierce s’explique en partie par un changement de la composition de cette population selon le lieu de naissance. Sous l’effet de l’immigration, la proportion de personnes de langue maternelle tierce nées dans un pays d’Asie s’est fortement accrue de 2001 à 2021, passant de 35,6 % à 55,2 %, alors que la proportion de locuteurs de langue tierce nés en Europe a diminué, passant de 27,9 % à 15,8 %. En 2021, le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles était plus faible parmi les personnes de langue maternelle tierce nées en Asie (2,0 %) que chez leurs homologues nées en Europe (6,0 %), dans les Amériques hors Canada (8,1 %) ou en Afrique (13,8 %). La proportion croissante de locuteurs de langue tierce nés en Asie et la diminution de la proportion de locuteurs de langue tierce nés en Europe ont donc contribué à la baisse du taux de bilinguisme dans les deux langues officielles des personnes de langue maternelle tierce au Canada hors Québec.

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Plurilingues malgré leur taux de bilinguisme dans les deux langues officielles plus faible

Au Canada hors Québec, plus de 1 personne sur 8 était née en Asie et avait une langue maternelle tierce en 2021. Parmi ces personnes, 2,0 % pouvaient soutenir une conversation en français et en anglais. Bien que leur taux de bilinguisme dans les deux langues officielles soit plutôt faible, ces personnes étaient plurilingues; le quart d’entre elles (25,0 %) pouvaient soutenir une conversation dans au moins trois langues, qu’il s’agisse d’une langue officielle ou de toute autre langue. Ce plurilinguisme consistait le plus souvent en une connaissance de l’anglais et d’au moins deux langues tierces, et comprenait plus rarement la capacité de soutenir une conversation en français.

Par ailleurs, parmi les personnes de langue maternelle tierce nées en Asie qui résidaient au Canada hors Québec en 2021, le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles était plus élevé chez celles qui ont immigré au pays dans l’enfance (5,2 %), ces dernières ayant pu commencer ou poursuivre leur scolarité au pays. Le taux de bilinguisme français-anglais était également plus élevé parmi les personnes nées dans certains pays d’Asie comme le Liban (23,6 %) et l’Iran (4,7 %), alors qu’il était plus faible parmi les personnes nées aux Philippines (0,6 %) et en Inde (0,9 %).

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De 2001 à 2021, le poids démographique de la population de langue maternelle française était en baisse au Canada hors Québec, passant de 4,2 % à 3,2 %. Il en allait de même de celui de la population de langue maternelle anglaise, passant de 74,6 % à 69,0 %. À l’inverse, le poids démographique des personnes de langue maternelle tierce était en hausse, passant de 20,0 % à 24,0 %. L’effet combiné de la variation des poids démographiques de ces populations et de leur connaissance des langues officielles permet d’expliquer la diminution du taux de bilinguisme français-anglais au Canada hors Québec au cours de cette période.

graphique 2 :

Tableau de données du graphique 2
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2 Personnes bilingue français-anglais, selon la langue maternelle, 2001 et 2021, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Personnes bilingue français-anglais, selon la langue maternelle
2001 2021
pourcentage
Français 3,6 2,7
Anglais 5,3 4,9
Langue tierce 1,1 1,1
Français et anglais 0,2 0,5
Autres combinaisons de langues 0,1 0,3
Total 10,3 9,5

En 2001 comme en 2021, plus de la moitié des personnes bilingues (français-anglais) au Canada hors Québec avaient l’anglais comme langue maternelle.

La proportion de personnes au Canada hors Québec qui pouvaient soutenir une conversation en français et en anglais a diminué de 0,8 point de pourcentage par rapport à 2001, pour s’établir à 9,5 % en 2021. Ce recul provient en bonne partie de la diminution de la proportion représentée par la population bilingue français-anglais de langue maternelle française (-0,9 point de pourcentage). La proportion représentée par la population bilingue français-anglais de langue maternelle anglaise était également à la baisse au cours de cette période (-0,4 point de pourcentage). En contrepartie, la croissance de la population bilingue ayant appris le français et l’anglais en premier lieu dans l’enfance et la croissance de la population bilingue ayant une autre combinaison de langues maternelles ont permis au taux de bilinguisme dans les deux langues officielles de récupérer 0,3 point de pourcentage et 0,2 point de pourcentage, respectivement.

Enfin, bien que les personnes de langue maternelle tierce forment une proportion croissante de la population canadienne hors du Québec, le recul de leur taux de bilinguisme dans les deux langues officielles a fait en sorte que la proportion de personnes bilingues français-anglais de langue maternelle tierce a stagné au Canada hors Québec de 2001 à 2021, se maintenant à 1,1 %.

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Bilingues dès l’enfance

Depuis le tournant du millénaire, une proportion croissante de la population canadienne déclare avoir appris en premier lieu dans l’enfance deux langues ou plus en même temps, qu’il s’agisse d’une combinaison du français, de l’anglais ou de toute autre langue, cette proportion passant de 1,3 % en 2001 à 3,8 %Note 7 en 2021. Une analyse plus approfondie sera nécessaire afin de mieux comprendre cette augmentation. Celle-ci pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs, par exemple la hausse du nombre d’enfants qui grandissent dans des familles où plus d’une langue est parlée à la maison, ce qui est notamment le cas de plusieurs familles exogamesNote 8 ou immigrantes.

Le fait d’avoir appris plus d’une langue en premier lieu dans l’enfance se reflète dans le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles des personnes ayant plusieurs langues maternelles. Au Québec, celui-ci atteignait 93,3 % en 2021 parmi les personnes dont les langues maternelles sont le français et l’anglais et 58,6 % parmi celles ayant une autre combinaison de langues maternelles. Au Canada hors Québec, ces proportions étaient de 83,3 % et de 9,3 %, respectivement.

Ce ne sont pas toutes les personnes ayant les deux langues officielles comme langues maternelles qui sont capables de soutenir une conversation en français et en anglais au moment où est mené le recensement. Dans certains contextes, en particulier avec l’âge, certaines personnes qui ne parlent pas couramment l’une de leurs premières langues apprises ne jugent plus être en mesure de soutenir une conversation dans cette langue, bien qu’elles demeurent capables de la comprendre. Par exemple, au Québec, le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles des personnes dont les langues maternelles sont le français et l’anglais atteignait 96,7 % parmi les locuteurs âgés de 10 à 29 ans, comparativement à 82,1 % parmi ceux âgés de 75 ans ou plus.

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Le taux de bilinguisme français-anglais culmine chez les personnes scolarisées dans la langue officielle minoritaire au primaire ou au secondaire

La capacité de soutenir une conversation dans une langue seconde varie selon l’âge et les trajectoires scolaires des personnesNote 9 . En particulier, le taux de bilinguisme français-anglais était plus élevé en 2021 parmi les résidents du Québec ayant fréquenté une école de langue anglaise et les résidents du Canada hors Québec ayant fréquenté une école de langue française ou participé à un programme d’immersion française pendant une partie ou la totalité de leurs études primaires ou secondaires que parmi les personnes n’ayant pas fréquenté de telles écoles ou participé à de tels programmes.

Au Québec, près des trois quarts des personnes scolarisées dans une école de langue anglaiseNote 10 (73,9 %) déclaraient être en mesure de soutenir une conversation dans les deux langues officielles du Canada en 2021, comparativement à 45,0 % des personnes n’ayant pas été scolarisées dans une telle école, ce qui représente un écart de 28,9 points de pourcentage. Cet écart entre le taux de bilinguisme dans les deux langues officielles des personnes scolarisées en anglais et celui des personnes ne l’ayant pas été était particulièrement prononcé chez les personnes de langue maternelle française (33,3 points de pourcentage) ou de langue maternelle tierce (22,9 points de pourcentage), alors qu’il était moindre chez les personnes de langue maternelle anglaise (4,3 points de pourcentage).

graphique 3 :

Tableau de données du graphique 3
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3 Population totale, Personnes ayant le français comme langue maternelle, Personnes ayant l'anglais comme langue maternelle et Personnes ayant une langue maternelle tierce, calculées selon taux de bilinguisme français-anglais unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Population totale Personnes ayant le français comme langue maternelle Personnes ayant l'anglais comme langue maternelle Personnes ayant une langue maternelle tierce
taux de bilinguisme français-anglais
Québec
Aucune scolarité à l'école anglaise 45,0 43,1 66,6 48,5
Scolarisé à l'école anglaise 73,9 76,4 70,9 71,4
Canada hors Québec
Aucune scolarité à l'école française ou en immersion française 3,5 76,8 2,7 3,1
Scolarisé à l'école française ou en immersion française 60,8 89,2 51,0 44,2

De même, au Canada hors Québec, le taux de bilinguisme français-anglais en 2021 était plus élevé chez les personnes scolarisées en françaisNote 11 (60,8 %) que chez celles n’ayant ni fréquenté une école de langue française, ni participé à un programme d’immersion française (3,5 %). L’écart était particulièrement important parmi les personnes de langue maternelle anglaise (48,3 points de pourcentage) ou tierce (41,1 points de pourcentage), alors qu’il était plus modeste parmi les personnes de langue maternelle française (12,4 points de pourcentage).

Enfin, plusieurs raisons peuvent expliquer qu’une personne ayant été scolarisée dans la langue officielle minoritaire déclare ne pas être en mesure de soutenir une conversation dans les deux langues officielles. D’une part, certaines personnes peuvent n’avoir effectué qu’une fraction de leur scolarité — par exemple une seule année — dans la langue officielle minoritaire. D’autre part, plusieurs années peuvent s’être écoulées depuis la fin des études primaires ou secondaires, sans que la langue officielle minoritaire ait été parlée suffisamment par la suite pour maintenir la capacité de soutenir une conversation. De même, au fil du temps, certaines personnes déclarent ne plus être en mesure de soutenir une conversation dans leur première langue apprise. D’autres études seront nécessaires afin de mieux comprendre les divers parcours de vie menant au maintien ou à l’érosion de la capacité de soutenir une conversation dans une langue au fil du temps.

Regard vers l’avenir

Cet article offre un aperçu des tendances récentes quant à l’évolution du taux de bilinguisme français-anglais au Québec, au Canada hors Québec et dans l’ensemble du pays. Les résultats du Recensement de 2021 et des recensements précédents permettent de comprendre la manière dont la variation du poids démographique des groupes de locuteurs et la variation de leur taux de bilinguisme français-anglais peuvent expliquer la proportion record de la population canadienne capable de soutenir une conversation dans les deux langues officielles en 2021.

Les résultats du Recensement de 2021 permettent pour la première fois de mettre en lumière l’importance de la langue de la scolarisation primaire et secondaire pour l’apprentissage des langues officielles. De futures analyses qui porteront, par exemple, sur la participation aux programmes d’immersion française au Canada hors Québec, permettront d’approfondir ce portrait.

Renseignements supplémentaires

Les principaux résultats du Recensement de 2021 sur la connaissance du français et de l’anglais au Canada ont été diffusés le 17 août 2022 dans l’article du Quotidien « Alors que le français et l’anglais demeurent les principales langues parlées au Canada, la diversité linguistique continue de s’accroître au pays » ainsi que dans l’infographie « Plus d’une langue à son arc : Le taux de bilinguisme français-anglais augmente au Québec et diminue à l’extérieur du Québec ».

Des renseignements supplémentaires sur la connaissance des langues officielles sont accessibles dans les tableaux de données et le Profil du recensement.

Les produits de référence sont conçus pour aider les utilisateurs à tirer le maximum des données du Recensement de 2021. Ils comprennent le Guide du Recensement de la population, 2021, le Dictionnaire du Recensement de la population, 2021 et les questionnaires du Recensement de la population de 2021. Le Guide de référence sur les langues est aussi disponible.

Remerciements

Le présent rapport a été préparé par Étienne Lemyre du Centre de démographie de Statistique Canada, avec l’aide d’autres membres du personnel de ce centre et la collaboration de membres du personnel du Secrétariat des domaines spécialisés du recensement, de la Division des opérations du recensement, de la Direction des communications et de la Direction de l’accès aux données et de la diffusion.

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